« — Salut Terry ! Excuses-moi pour mon retard. Le cours a traîné en longueur et la prof m’a tenu la jambe jusqu’à ce que je lui prétexte une envie pressante… Je crois qu’elle n’a pas appréciée ma remarque à propos de la Feinte de Wronski. C’est pourtant de notoriété publique qu’elle ne marche plus aussi bien qu’avant… L’attrapeur adverse a vite fait de griller ta feinte, il suffit d’avoir un quotient intellectuel supérieur celui d’un Troll pour le comprendre… T’es pas d’accord ? »

Le nouvel arrivant se délesta du sac qu’il portait sur une épaule avant de s’avachir aux côtés de son acolyte. Leurs épaules s’entrechoquèrent avec un peu trop de rudesse pour une accolade amicale, mais Lionel ne s’en formalisa pas. Il avait toujours été tactile de nature et de toute manière, compte tenu des températures extérieures qui régnaient ces derniers jours, il préférais encore se coller à son ami dans l’espoir de se réchauffer un peu ; plutôt que de faire des manières et de devoir se les peler tout seul à l’autre bout du banc qu'ils partageaient. Durant une seconde Lionel se remémora les rumeurs qu’il avait déjà entendu à propos de la relation qu’il entretenait avec le fils Boot. Mais même si ces dernières avaient déjà réussies à lui miner le moral par le passé, Lionel faisait de son mieux pour ne plus se laisser décontenancer pour ce qui s'avérait être de simples commérages sans fondements. Terry était un très bon ami à lui ; tout du moins Bott était important aux yeux de Cieślak. Ils ne s’étaient pas fréquentés tout de suite, dès les prémices de leur première année, parce qu’à l’époque ils ne partageaient pas le même cercle d’amis. Mais lorsqu’ils avaient finis par discuter sérieusement, le courant était immédiatement bien passé entre eux. Même âge ; même maison ; mêmes hobbies ; mêmes passions. Ils étaient si semblables sur bien des aspects que cela avait finit par éveiller la vigilance de Lionel au début de leur relation. Comment pouvait on partager autant de choses avec quelqu’un sans s’en être rendus compte plus tôt ? Et, naturellement, sans ressentir la jalousie de l’inconsciente mise en concurrence qui fleurissait entre eux deux depuis lors…? Les amitiés étaient des instants de vie bien compliqués à leur âge. Tout du moins compliqués aux yeux du téméraire Cieślak. Mais puisque ce dernier avait la fâcheuse tendance à s’enticher profondément d’une personne dès lors qu’il commençait à l’apprécier ; le mal était de toute évidence déjà fait. Plus de retour en arrière possible pour Lionel. Devoir s’éloigner de Terry serait pour lui comme une rupture sentimentale : trop rude à encaisser pour qu’il puisse souhaiter l’endurer dans un futur proche. Par conséquent, il était hors de question pour lui de perdre son ami pour quelques causeries railleuses à leur sujet. Que les autres élèves prennent du plaisir à commenter leurs épaules qui se touchaient, ainsi installés sur un banc au fond du parc de Poudlard ! Cieślak n’en aurait cure ! Aujourd’hui du moins.
Lionel dodelina de la tête comme pour chasser ces idées perturbatrices de son intellect et se recoiffa d’un geste vif de la main.

« — Tu veux qu’on bosse sur quoi ? Le prochain chapitre qu’on abordera en Médicomagie ? On aurais pu faire ça avec les autres, dans la salle commune des huitième années. »

Poursuivit le garçon sur un ton circonspect.

« — Pas besoin de venir se cailler les miches sous le soleil inexistant de ce mois de février pour réussir à mieux étudier. »

Inconsciemment, Lionel se renfrogna presque aussitôt comme si le fait de se replier sur lui même en croisant ainsi les bras sur son torse musclé pourrait appuyer ses précédents propos.

« — Franchement, des fois, t’en as : des drôles d’idées. »

Un frisson lui parcouru l’échine, à cause d'une brise particulièrement fraiche, auquel le garçon répondit d’un claquement de langue irrité avant de s’avachir davantage contre son voisin.

« — Elle est où ta dulcinée ? Tu l’as mangé ? Elle boude ? C’est rare de ne pas la croiser dans les parages. »

Lionel se pencha un peu en avant comme pour capter le regard de Terry, d’ordinaire à la fois si sombre et pétillant.

« — Mon petit cœur me dit que vous vous êtes disputés, c’est vrai ? Qu’est-ce qu'il s'est passé ? »

@"Terry Boot"

Codage (c) Pando