caractère

Nul besoin d’être aussi bon mage que Merlin pour comprendre que « Pete » a avant tout un sérieux problème de défiance. Défiance envers lui-même plutôt qu’envers les autres. Ce trait de son caractère en particulier est si exacerbé qu’au lieu de lui être bénéfique – de lui permettre de rester sur ses gardes par exemple, de toujours prendre le temps de s’interroger et de peser toutes les possibilités avant d'opter pour une quelconque décision ; c’est majoritairement tout l’inverse pour lui au quotidien. Pourvu de très peu de confiance en lui, à la moindre remarque énoncée à son sujet, Lionel perd contenance et se liquéfie intérieurement. Telle est la part de fragilité qui caractérise son tempérament.
Pour donner le change, Lionel se cache sous une bonne couche d’acting. Parce qu’un jour son père – l’idole de son fiston depuis qu’il est bambin – a eut la bonne idée de lui raconter qu’il suffisait de croire très fort en quelque chose pour réussir à effleurer du bout du doigt cette réalité. Mais alors, si Pete se met à croire très fort qu’il est un bon élément, qu’il réussira tout ce qu’il entreprend, y parviendra t-il vraiment ?
Si cette technique placebo a réussit à semer le doute pendant un temps à force de surprenants hasards et de solides convictions ; plus les années s’écoulent et plus Lionel prend conscience de ses propres limites. Des difficultés qu’il a un mal de chien à surmonter ; de cette irrépressible envie de fuir qui le prend à la gorge chaque fois qu’il ne voit aucune solution face à l’adversité. Et ce côté là, si prompt à se défiler, le débecte au plus haut point. Par peur de décevoir, évidemment. Alors peut-être que, sans que vous n’en compreniez tout à fait les raisons, Lionel en viendra à vous répondre avec véhémence. A se montrer féroce pour que vous n’envisagiez pas de remettre en question ses choix et ce qu’il est. Peut-être qu’il aura des sautes d’humeur parfois, lorsqu’il se sentira acculé, mais gardez bien à l’esprit que cela n’est jamais synonyme de mauvaises intentions.
Lionel est juste un premier jet de sa version adulte, un pré-adulte un peu paumé et pas très sûr de lui ni de ce que lui réserve l’avenir ; et encore moins de ce qu’il désire. Certes il fait des choix ; pas toujours très éclairés et bien trop souvent tournés vers son seul être plutôt que vers le bien commun, mais cela fait-il forcément de lui une mauvaise personne ? Où se situe la limite franche entre la survie et l’égoïsme ?
Ne le lui demandez pas ; parce qu’il n’en sait fichtrement rien.

Du reste, on parle souvent de l’unique né Cieślak comme d’un « chic type », débrouillard et serviable. Tout du moins lorsqu’il ne vrille pas sans qu’on comprenne pourquoi. Un garçon à deux facettes, que certains qualifient de « superficiel » dans la mesure où on a du mal à le cerner. Mais il est loin d’être le premier ado dans ce cas et, franchement, est-ce qu’on s’en taperait pas un peu dans le fond ?

En amour, tout se complique. Bien que monsieur soit d'une tendance naturelle à se plier en quatre dans le but de faire plaisir à sa moitié - principalement pour s'éviter les emmerdes et les disputes... Dès lors que Lionel a l'impression de trop se mettre à nu ; le voilà qui perds ses moyens et qui tente tout ce qui est en son pouvoir pour mettre un terme à la relation. Tout, plutôt que d'avoir à se montrer sous son vrai jour. Aux antipodes d'une longue ballade tranquille, armez vous de patience si vous souhaitez un jour réussir à percer les défenses qu'il a lui-même érigé autour de lui.


Qu’auriez-vous espéré qu’il vous réponde ? « C’est forcément une bonne chose, dans la mesure où ça nous laisse à tous le temps de plus mûrement réfléchir à ce que nous souhaitons faire de notre futur, tout en nous permettant de nous perfectionner davantage. » Voilà sans nul doute ce qu’il vous rétorquerait si jamais vous abordiez le sujet avec lui. Bien qu’en vérité, sa réelle pensée soit plutôt dans ce goût-là : « En toute honnêteté, en tenant compte du fait que je ne sais foutrement pas ce que je souhaite faire dans trois ans à peine, j’imagine que c’est un mal pour un bien, qu’on soit obligé de se coltiner une année supplémentaire d’examens et de profs relous. »
Ses parents ont vus en cette huitième année une occasion supplémentaire pour leur fils de faire ses preuves, tout du moins de prouver aux autres à quel point il pouvait être taillé pour le métier qui l’attendait (médicomage, telle est la voie qu’il a choisi). Pas un seul instant ils s’imaginent que cette année pourrait aussi être celle de trop, celle qui permettrait à leur fils – pupille de leurs yeux – de s’émanciper de toute la pression qu’il reçoit dans l’optique d’embrasser un métier bien moins louable auprès de ses grands-parents polonais -et de sang-purs de surcroît.
Lionel quant à lui se cantonne à essayer de ne pas compter les jours qui le séparent de la fin de l’année ; et ce, pour ne pas avoir à faire de choix décisif.

Sans grande surprise, en plus du tronc commun obligatoire pour tout élève de huitième année, Lionel a opté pour l’option Médicomagie afin de renforcer ses acquis et de se tourner entièrement vers son rêve d’enfant. Puisqu’il était obligatoire d’opter pour au moins deux autres options, Lionel s’est inscrit à celle de Justice Magique en se disant que, de toute façon, cela ne pourrait pas lui faire de mal. Ses parents ont été très heureux d’apprendre la nouvelle, vous l’imaginez bien. Quant aux deux autres options, voilà un fait un peu plus cocasse à narrer. L’option de Recherche Magique s’imposa presque d’elle-même dans son esprit, puisqu’elle était présenté comme une véritable aubaine pour travailler sa méthodologie ainsi que le sens de la délégation qui faisait cruellement défaut à Lionel au sortir de sa septième année. Il lui restait alors la possibilité de prendre une quatrième et dernière option, considérée comme facultative. A de nombreuses occasions son professeur de vol comme ses coéquipiers de quidditch lui avaient soufflés l’idée de s’inscrire à l’option Sport une fois rentré en huitième année. De peur que cela puisse être mal vu par ses parents, le garçon mit un point d’honneur prendre le nombre maximal d’options pour noyer le poisson à coup de « oui enfin, vous savez, c’est juste comme ça...parce que c’est facultatif. Puis ça me permettra de continuer à m’entraîner même si je ne fais plus officiellement partie de l’équipe. » A sa grande surprise, ses parents acceptèrent sans émettre l’ombre d’une objection ou d’un doute. « Tu as bien fais, fiston, si cela te permet de rester en forme. - Et de t’aérera l’esprit en prime ! (Avait renchérit sa mère à l'époque.) C’est une super idée Pete. » Galvanisé dans son choix, Lionel ne chercha même pas à discuter outre mesure du sujet ; bien qu’avec du recul il se dit parfois que quatre options ça fait quand même beaucoup. Sans compter le Polonais dont il a fait sa langue vivante pour pouvoir améliorer les bases qu’il avait déjà. Sur le moment il s’était dit que choisir le Polonais était la solution de facilité, puisqu’il le parlait déjà avec sa famille ; mais là encore il se serait bien passé des interminables devoirs de composition et autres joyeusetés.

Concernant son stage de fin d’année, Lionel est déterminé à en faire un dans la mesure où selon lui c’est la porte ouverte à un poste d’interne par la suite. Il vise un stage à Ste Mangouste mais n’est pas certain d’y parvenir car les place y sont chères ; ça le stress énormément. D’autant plus qu’il a récemment reçu une proposition de la part de la réputée équipe les Grodzisk Goblin pour les rejoindre dans leurs entraînements quotidiens en Pologne. Le gamin âgé de quinze ans qui sommeille toujours au fond de ses tripes ne peut s’empêcher de se rêver comme le prochain Josef Wronski, mais si jamais Lionel acceptait cette offre, aussi tentante soit-elle, cela risquerait de mettre sérieusement en péril ses chances de poursuivre sa carrière professionnelle à Ste Mangouste. Puis comment l’annoncer à ses parents ? Il préfère ne pas y penser pour l’instant. C'est la raison qui l’a poussé à dissimuler la lettre d’invitation entre les pages jaunies d’un vieux manuel de potions, qu’il utilisait en septième année et qui gît dorénavant sous son lit au dortoir des Serdaigles.